Comprendre ce qu'est la charge mentale...tout un programme!

Non non je ne quitte pas le métier pour faire coach de vie, rassurez-vous, pauvres mortels qui vous êtes égarés par ici! C'est juste que cette notion englobant à la fois le professionnel et le personnel, et afin d'étoffer cette publication strictement véto, il fallait quand même y accoler son double maléfique: la charge mentale en dehors des heures d'ouverture de la clinique.

J'exerce un métier qui a tendance à s'inviter dans la vie privée (cas compliqué qui occasionne des nœuds au cerveau, sollicitations de clients le soir et le weekend, dans mon cas par mails auxquels je ne réponds pas, puisqu'un répondeur indique la marche à suivre...mais pour avoir l'info, faut la chercher au bon endroit 🤨), la charge pro vient donc se mêler à la charge perso.

Cet article est un constat rapide, un état des lieux qui m'est propre. Je ne prétends pas proposer de solution miracle. Il s'agit avant tout d'un rappel, et d'une opposition à enterrer ce sujet au prétexte que "ça a toujours été comme ça". Je veux continuer à me battre contre ça (et contre plein d'autres trucs pas cools, comme le sexisme)

J'ai eu récemment une discussion intéressante avec celui qui ne partage pas cette charge avec moi depuis plus de 30 ans. Quand on aime, on ne compte pas (blablabla). Cette discussion a été initiée par la lecture de l'article ci-dessous, et le fait que ce sujet continue de faire couler trop d'encre, ce qui signifie qu'il est loin d'être réglé.

Bien qu'il fasse des efforts (l'astre), la compréhension de cette nébuleuse qu'est la notion de "charge mentale" lui échappe encore, ce qui occasionne des échanges parfois houleux. La majorité des gens ne sait pas précisément ce que c'est. Vais-je être capable de l'expliquer, à défaut d'en donner une définition précise:

"La charge mentale a été définie pour la première fois par Monique Haicault en 1984 et se définit par le fait de devoir penser simultanément à des choses appartenant à deux mondes séparés physiquement. Par exemple, la maman au travail qui pense à ce qu'elle doit faire le soir en rentrant" détaille Aurélia Schneider, psychiatre, spécialiste en thérapie comportementale et cognitive à Paris et auteur du livre "La charge mentale des femmes".

Il ne s'agit pas ici de parité, de partage des tâches ménagères, de la gestion des morveux ou des poilus qu'on a eu la bonne idée d'accueillir dans un foyer heureux et optimiste...c'était sans compter sur les journées à rallonge, la fatigue, les frustrations, la lassitude du quotidien qui effacent la magie à grands coups de serpillière (aspirateur robot si on a les moyens).

On ne va pas se mentir, la charge mentale des hommes se résume à demander à Bobonne (et je suis gentille) où se trouve la lessive, et à faire remarquer qu'"il n'y a qu'à demander pour que le lave-vaisselle soit vidé ou l'aspirateur passé". Et c'est normal d'accepter une corvée, mais pas de l'effectuer au bout de 3 plombes ou très médiocrement...mais...mais! les femmes doivent aussi accepter que si c'est l'homme qui fait, ce ne sera pas fait pareil, personne n'est parfait...

D'après un article qui liste les stratégies que développent les hommes pour échapper aux corvées, sous couvert de faire des efforts (tu parles! l'écart de temps consacré à ces corvées entre femme et homme, n'a diminué que d'une minute en 11 ans!) en fait nos conjoints la plupart du temps fuient. Je vous recommande cet article pas tout récent mais extrêmement bien documenté.

Inutile ici d'adopter une posture "not all men"! Les hommes (les gens en général, quel que soit leur genre s'ils en ont un...) n'ont pour leur grande majorité pas compris ce qu'était la charge mentale:

Il ne s'agit pas seulement d'accomplir les taches du quotidien en mode "pilote automatique", non! Il s'agit aussi et surtout de l'anticipation de tout ce qui constitue le quotidien, et la gestion des imprévus n'en est pas la partie la plus simple.

Qui doit quitter précipitamment le boulot, récupérer le poussin malade à l'école (école qui a d'ailleurs appelé en priorité Maman parce que elle, elle répond quand le numéro  s'affiche, et elle sait que c'est forcément pour un truc chiant!) pour aller chez le médecin? Qui doit se coltiner les réunions au bahut avec les profs au bout de leur vie? Qui fait le taxi le mercredi pour les activités des nains hyperactifs? Qui établit les listes: courses, contenu de valise pour l'ado qui part aux USA, démarches administratives à accomplir pour avoir des papiers en règle, cadeaux de Noël de toute la famille et j'en passe...Alors OK, des pères, on en croise aussi qui font ça...mais y a qu'à demander à Baptiste Beaulieu comment se passe une consult d'un enfant que son père accompagne.

Pour le plaisir , et parce qu'il le vaut bien, je vous mets là le lien vers sa page instagram:

https://www.instagram.com/baptistebeaulieu/?hl=fr

Il s'agit aussi de faire les choses du quotidien comme faisant partie intégrante du fonctionnement de chaque individu, indépendamment de son sexe, ET de son âge! Car ça s'apprend dès le plus jeune âge. On rebat les oreilles des garçons avec la notion de consentement dans leurs futures relations sentimentales (soyons un peu fleur bleue, ils ont des sentiments, petites choses fragiles...je m'égare avec ironie), sensibilisons-les également au partage de la charge mentale.

Et l'éducation est centrale pour tous ces sujets, et là aussi elle doit être partagée par les deux parents, du mieux possible. Restons honnêtes, les mères peuvent s'avérer médiocres pour ces apprentissages. J'ai beau prétendre élever mon fils et ma fille de la même façon, pas sûr que cette dernière soit d'accord avec moi. Et nous verrons quel jeune adulte mon fils sera d'ici peu!

Je dois quand même reconnaître que dans mon entourage proche, j'ai au moins un exemple d'homme qui a porté (et continue de le faire) sa charge de façon plutôt exemplaire: mon beau-père...qui va bientôt fêter ses 80 ans. Je le connais depuis plus de 30 ans, et je l'ai fréquemment accompagné faire des courses du quotidien (certes avec la liste établie par l'employée de maison, liste qu'il ne suivait que très approximativement), je l'ai observé se mettre en cuisine et improviser des menus pour nourrir tous ceux qui se trouvaient sous son toit. Il pouvait faire son jardin, comme passer la serpillière. Par contre l'aspirateur était la prérogative de ma belle-mère, dont elle usait exagérément le dimanche matin, bien trop tôt pour nous ... Je ne dis pas qu'il était parfait, loin de là, mais pour moi, c'est un des rares hommes de sa génération qui accomplissait ces taches de façon naturelle et spontanée, de son propre chef et à sa façon.

Il faut croire que ce n'est pas inscrit dans les gènes, par contre. Je ne dis pas que c'est de la mauvaise volonté, mais le "je t'attendais, je ne savais pas ce que tu voulais que je fasse à manger" je m'en passerais bien (bon, il a d'autres qualités).

Alors on ne pourra pas faire sans cette foutue charge, mais on réfléchit, à 2 au moins, pour une répartition juste, et pas à la mode "mais je bosse moi!" (et moi je caresse des chatons toute la journée?😾), et on implique les nains dès qu'ils sont en âge d'y participer... C'est un vœu pieux!