ça commence doucement, et puis ça part en C...
J'avais écrit (et juré solennellement bien sûr!) que je reprenais le cours de mes pensées , mais j'avoue, c'est un peu le bordel dans ma tête, et c'est compliqué de trier par ordre d'importance.
Ce qui m'amène alors à me pencher sur un syndrome dont souffre une grande partie de l'humanité. Et maintenant que le 8 mars est derrière nous, et que nous sommes la journée mondiale de l'audition mais aussi celle du rein, on peut oublier les combats féministes de tous genres, et s'attaquer à cet Everest qu'est "la charge mentale".
Mais pas n'importe laquelle, puisque j'ai pris le parti de relier intimement mes publications à mon métier, qui occupe la plus grande partie de mon temps vigile et de mon esprit: la charge mentale du vétérinaire.
Pour le grand public, le vétérinaire incarne encore (un peu...un tout petit peu...si peu...) un fantasme d'enfant, celui qui sauve les animaux en détresse (surtout les chatons!). Cependant, si on erre sur les réseaux sociaux, c'est aussi une profession qui est foulée aux pieds et vouée aux gémonies (sortez vos bouquins pour trouver les références, j'ai autre chose à faire 😂), victime de bashing, maltraitance virtuelle mais qui détruit réellement si elle va très loin, victime aussi d'agressions réelles, physiques et verbales.
Cette profession, adorée en même temps qu'abhorrée (sors ton bescherelle!) souffre en son corps. Je n'en avais pas conscience avant de rejoindre des groupes vétos sur facebook, entre autres d'échanges et d'entraide. La crise sanitaire qui nous a pris dans ses filets début 2020 a déclenché un certain nombre d'évènements, de prises de conscience, et cette fameuse charge mentale, présente dans toutes les couches sociétales et dans toutes les professions, a montré l'importance de son effet néfaste sur nos vies et nos carrières.
Il y a aussi cette charge là
Mais pour celle-là pas besoin de 7 années minimum d'études... bref, c'est un autre sujet...
A l'occasion du rapprochement intra-professionnel virtuel provoqué par la Covid, le sujet du mal-être dans notre beau métier a souvent été mis en exergue (renseigne-toi! le Dico ça existe aussi sur internet 😅). J'avoue que je n'avais jamais ressenti d'état dépressif ou de désespoir au cours de ma vie, et encore moins lié à ma pratique, qui m'aurait à un moment ou à un autre poussée à réfléchir à une reconversion, voire à un acte plus radical...
Mais il est moins question ici de mal-être que de charge mentale, car il y a un abîme entre ces deux notions. Le 1er peut pousser au suicide, la seconde n'occasionne qu'une banale surchauffe des neurones qui incite à envoyer son entourage "bouffer ses morts", selon le langage fleuri d'une collègue rencontrée grâce à ces réseaux et qui pour moi est ma partenaire de ping-pong verbal préférée (ou l'une d'entre elles en tous cas, poke Anne https://www.instagram.com/doc3pommes/).
J'admire ces confrères (hommes ou femmes, on écrit confrères) qui ont des semaines de travail , souvent en pratique mixte (avec à la clef une densité de gardes et urgences à gérer sans comparaison avec un canin pur pour peu que celui-ci soit bien organisé, mais j'ai appris que ce n'était pas toujours le cas), dépassant allègrement les 50 heures hebdomadaires et plus, ont charge de famille , plein d'animaux personnels (dont des canassons, il faut vraiment avoir envie de s'emm....er!) des loisirs/activités, des passions, font du bricolage, retapent des maisons, construisent des meubles et plein d'autres choses.
Quelle est leur formule secrète pour y arriver? Pour ma part, après une journée à gérer mes clinique/plannings/vétos salariées/asv/clients plus ou moins chiants/chirurgies/consultations/transmissions-explications d'examens complémentaires, je me force à trouver l'énergie pour faire vivre les pages facebook et instagram de la clinique , parce que les managers t'expliquent que sans ça, ta structure n'attire ni les éventuels candidats à venir travailler chez toi, ni les éventuels repreneurs/investisseurs à s'intéresser à elle et te faire miroiter que ta retraite misérable sera un tantinet améliorée par un rachat de ton modeste outil de travail.
Et après tout ça, il reste la vie personnelle, qui ne se résume pas à manger et dormir, parce qu'il y a un humain de 17 ans à domicile à nourrir, physiquement et intellectuellement, pour ne pas le voir se transformer en blob desséché devant un ordinateur bouillant de ne pas avoir été éteint depuis plusieurs semaines! Et il y a une jeune adulte étudiante à distance qu'il faut entretenir, rassurer, accompagner. Sans oublier l'astre de mes nuits, qui ronchonne parce que sa charge à lui , elle n'est pas mal non plus (mais quand on aime on ne compte pas!😅), et les poilus dont il faut nettoyer les chiottes , remplir les gamelles, ramasser les vomitos et enlever les "cacas kaki qui collent au culcul!", qu'il faut brosser, câliner, soigner, sortir en balade, et j'en passe!
Cette charge qui me pèse, sans toutefois me pourrir la vie au point de me paralyser pour avancer (parce que pour le moment, faut avancer, y a pas le choix, reculer c'est tomber dans un trou!), je n'ai pas encore trouvé de solution miracle pour m'en débarrasser. Je suis d'ailleurs convaincue que comme toute forme de stress, elle a un côté stimulant, intellectuellement notamment. Je lutte pour qu'elle ne m'empêche pas de m'amuser, glander, rêvasser, découvrir de nouvelles choses à essayer, d'autant plus depuis que j'ai appris (ah c'est bien internet, on trouve des tas d'infos intéressantes, mais faut bien faire le tri quand même hein?) qu'essayer de nouvelles activités était stimulant pour le cerveau.
Alors haut les coeurs! Demain j'essaye le saut à l'élastique!
je déconnais, jamais de la vie!!!