Allo véto, bobo!

J'ai naturellement une appétence plus marquée pour l'ironie que pour la compassion, mais parfois, je suis rattrapée par une sorte de  gentillesse un peu encombrante, et je suis touchée par la détresse des miens (par là, j'entends les vétos).

Non pas que je veuille dresser de moi le portrait d'une figure pleine d'empathie, toujours à l'écoute , "bienveillante" (je mets ce terme entre "", parce que ce mot ne veut pas dire seulement le contraire de malveillant, mais est plus complexe que ça pour moi). Non, définitivement, cette personne n'est pas moi.

Un collègue virtuel écrivait très justement il y a quelques jours sur SPQVA

Mon bon côté, mon côté St Bernard, il se résume plutôt à être facilement en colère contre tout type d'injustice. Notre monde actuel est truffé d'injustices, vous en voulez quelques exemples en mode "moi", c'est à dire arrosées au jus de citron:

-Le couple Balkany qu'on empêche de jouir de biens indûment acquis

-La notion de pénibilité du travail maintenue pour le calcul de la retraite anticipée dans des branches où la mécanisation a pris le pas (ce sont, entre autres ,les mêmes qui continuent de percevoir une prime charbon, suivez mon regard... et biiiiip !La polémique s'arrêtra là, ce post n'est pas sur ce sujet là!)

-Le client qui part en vacances aux Hébrides et trouve normal de demander à son véto de ne pas encaisser son chèque pour le vaccin et les traitements de Kiki avant la St Glinglin, " parce que vous comprenez Docteur, c'est que j'ai des frais moi!"... et moi je vis d'amour et d'eau fraîche (ou à l'inverse, de regrets et de bière éventée)

-La cliente qui trouve que le bilan à 200 balles pour sa vieille minette qui fait des cystites au même rythme qu'une mitrailleuse crache ses balles, c'est trop cher, déjà qu'elle a dû se séparer de sa 3ème voiture et que refaire le sol en marbre de l'entrée de sa maison de vacances c'est plus important!....

Ça, c'était pour la liste citron.

Parce que des vraies injustices, je peux en citer des tombereaux, qui accablent mes confrères, leur pourrissent la vie ,alors qu'ils exercent un métier rêvé:

-La fucking obligation de PCS (permanence et continuité de soins) qui transforme des individus cortiqués et profondément motivés par leur métier (pour lequel ils ont sacrifiés leurs plus belles années afin d'acquérir les nombreuses compétences nécessaires à sa pratique) en zombies épuisés et amers au bout de quelques années au rythme de 24/24, 7/7, 365/365 (si si, ça vous parle ces chiffres)

-La lourdeur administrative qui nous harasse à longueur de journée, alors que nos patients requièrent notre attention non-stop

-Le coût exorbitant du moindre matériel qui pourrait nous offrir un peu de confort de travail, et de stimulation, parce que je ne sais pas vous, mais moi, un nouveau jouet ça me plaît bien au travail aussi 😁

-Les conflits au travail, avec les collègues, avec la hiérarchie; la maltraitance sous toutes ses formes, le mépris, la méchanceté gratuite...la liste est longue.

-Tiens! et puisqu'on en parle souvent: le bashing sur internet! Ahhhh le bonheur des avis Google (rebaptisé Gogol pour l'occasion) avec son cortège de petites étoiles. Avant, les connards (pardon pour ce langage châtié, mais c'est un réflexe) donnaient leur avis au comptoir du bistro du coin , et ça n'allait pas plus loin que le caniveau ou le coin de mur qu'ils arrosaient de substances diverses en en sortant; maintenant le moindre abruti qui sait se servir d'un téléphone peut déverser son fiel sur tout et tout le monde et en faire profiter la terre entière, soit un nombre conséquent d'individus qui n'ont pas demandé à en être informés. Société "amaguiz" qui se vante de clouer au pilori un professionnel sous prétexte qu'il n'a pas obtenu le service qu'il attendait.

Bref! Bla bla bla, à quoi ça rime tout ça me demanderez-vous? D'habitude je n'assomme pas mon maigre lectorat (on ne va pas se mentir, je ne m'appelle pas Virginie Grimaldi hein?) avec une liste de vindictes , j'essaye plutôt de l'égayer avec mes expériences improbables, mon quotidien émaillé de personnages plus pittoresques que méchants.

Notre grande famille (c'est très hypocrite de l'appeler comme ça vu le nombre de témoignages qui tendent à prouver que cette famille possède une très grande armoire très profonde avec pas mal de squelettes dedans...on dirait que je décrit une famiglia sicilienne!😮), cette grande famille vétérinaire est à nouveau endeuillée, et à chaque fois que ça arrive, cela semble de plus en plus accablant.

S'émouvoir, être touché, c'est bien, c'est un début. Mais ce n'est qu'un début. Malgré les nombreux évènements tristes, touchant de jeunes praticiens , on a l'impression que nous avons les pieds dans la glaise, qu'on est à quai pour regarder passer les wagons à bestiaux qui vont à l'abattoir.

Les comités, les réunions, les groupes, les lignes d'entraide, tout ça c'est bien! Mais on avance trop lentement. Je ne prétend pas avoir la formule magique. Je l'attends moi aussi...

En bref, quand j'ai fini d'être en colère, j'essaye de continuer mon petit bonhomme de chemin, en gérant le mieux possible ma petite entreprise qui tient le cap malgré les tempêtes actuelles, en rédigeant des réponses polies (après avoir tourné 77 fois dans ma poche de blouse mon stylo vengeur qui ne rêve que d'aller se planter dans l'oeil du sournois qui se permet de nous prendre pour un paillasson, et ce sur les recommandations pleines de bon sens de mon associée), en répondant à de multiples mails que je tente de trier par ordre de priorité (mais aujourd'hui tout est urgent ma bonne dame!), et plein d'autres trucs pas 100% véto (ce pour quoi j'avais signé au départ 😭)

Et puis j'essaye aussi de vivre ma vie d'être humain, avec des interactions joyeuses avec ma famille, mes amis, et ça! Ça c'est le plus important dans la vie, cet aspect là!

D'ailleurs, le devoir (et une bonne bouteille de vin...ou plusieurs... et un tajine) m'appelle. A ciao Bonsoir!