Ma vie avec un chat

Je suis vétérinaire. Voilà, c'est dit.

Et là, après un court instant de réflexion, vous vous dites, cher lecteur, que je suis donc très au fait de toutes les coutumes de nos chères petites bestioles, et que je comprends parfaitement la psychologie animale.

En fait pas du tout, et comme le dit le dicton, le cordonnier est toulours le plus mal chaussé. Et dire que je suis amenée à donner des conseils à mes clients quand leur chat les fait tourner en bourrique!!!

Je suis vétérinaire, et j'ai un chat...ou plutôt mon chat à un vétérinaire à domicile, qui lui sert aussi d'esclave, de portier, de distributeur de nourriture et de calins (uniquement quand ça chante au chat bien sûr!) et accessoirement s'assure qu'il reste en bonne santé malgré ses sorties nocturnes et sa fréquentation supposée d'affreux jojos pleins de puces!

Vous saviez qu'en choisissant un prénom pour vos enfants, ils héritaient de certains traits de caractère connus pour aller avec le dit-prénom? Et bien, pour nos animaux de compagnie, il en va de même, sauf qu'on n'appelle pas son chat Maurice (à la limite le poisson rouge) ou Roger, mais plutôt Chipie ou Frimousse...

Et là, j'ai commis ma première erreur...j'ai laissé mes enfants choisir le nom du chat...horreur! erreur fatale! Ils l'ont appelé Fripouille!!!

Là, vous sautez aux conclusions, le chat est une fripouille, il est méchant, il mord, il griffe, il nous exploite et nous méprise comme seuls les félins savent le faire, etc, etc. Je ne retiendrai de tout cela pour le décrire que la partie exploitation, qui est bien réelle et de plusieurs manières, mais pour le reste c'est un amour de chat, calin, gentil, patient.

Bon, il est moche, alors il avait intérêt à être un minimum calin, parce que sinon, son avenir avec nous était compromis!

Je reviens un instant sur l'aspect exploitation du facteur humain dans cette relation intime qui nous lie, lui et moi, et le reste de la famille, car quand même, ça vaut la peine de s'y attarder. Et peut-être vous reconnaitrez-vous un peu, cher lecteur, vous qui avez aussi un jour craqué pour une mignonne boule de poils avec de jolies moustaches et de grands yeux innocents!

Je dois quand même avouer que moi, ma boule de poils s'apparentait plutôt à l'époque de son adoption à une serpillière misérable pleine de puces et de vers, brrrrr, j'en frémis encore. D'ailleurs, ce n'était pas une adoption, ça s'apparentait plutôt à un sauvetage!

Exploitation donc: Le chat qui a faim se transforme assez rapidement en harceleur, nocturne de préférence, ce qui nous a incité prudemment à le pousser négligemment dehors pour qu'il nous lache les baskets la nuit (d'où les applications hystériques d'antipuces et les vermifugations à gogo de la part de son vétérinaire, vu les mauvaises fréquentations citées plus haut).

En l'absence de notre fille qui est la principale donatrice de bisous et de calins et qui remporte sa préférence, il vient nous pétrir la tête et l'estomac, égalemment de nuit, et un coin de notre plancher le transforme en chatte en chaleur qui hulule et se contorsionne, bizarrement uniquement quand la lumière s'éteint, signe qu'il est temps de dormir...et pas de piauler comme une pouf en manque de sexe!!! Et les jets répétés de coussins gardés prudemment à portée de main ne suffisent pas à le repousser. Quand je vous disais qu'il était le roi du harcèlement!

Et pour couronner le tout, il me pique systématiquement ma place au coin du poêle, bizarrement uniquement quand celui-ci est en activité, c'est à dire quand mes vieux os ont besoin du réconfort de sa chaleur! Quand je vous disais qu'il exploitait la situation à mort!

Pour me venger, hormis le fait que le flanque dehors le soir, quand ma fille est couchée (elle croit qu'il dort avec nous), je laisse la chienne le pétrir affectueusement jusqu'à ce qu'elle arrive à lui faire une crête d'iroquois sur la tête en le léchant, et je le nourris exclusivement avec des croquettes invendues, alors qu'il croit être dans un 5 étoiles! NON MAIS!

Mais je l'aime ma fripouille...