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Le vétérinaire et le sexisme ordinaire...(Part.1)

Je ne fais pas de pub pour cette oragnisation syndicale, mais faut rendre à César...ttps://cfdt-fgmm.fr/le-sexisme-ordinaire-cest-365-jours-pour-nous-et-pour-la-cfdt/

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J'aurais peut-être dû écrire "LA" vétérinaire, parce qu'on ne va pas se mentir, le sexisme ne prend pour cible qu'(quasi) exclusivement des femmes (quasi, parce que comme il existe des mâles tricolores chez les chats, et pas que des femelles, sur un malentendu...bref, vous comprenez l'idée!).

Et bien non, pour moi, vétérinaire c'est un métier, ce n'est pas une personne, donc je m'agrippe à mon "LE", et toc!.

Revenons à nos moutons...le sexisme. Et encore une fois, comme c'est un vaste sujet, et que mon parcours est déjà un peu long, j'en ai des trucs à raconter.

Pourquoi ce sujet? D'abord parce que j'en ai été victime (que ce mot est fort...vu que ça ne m'a pas fait dévier de cette voie...)moi-même, et que si l'époque de mes jeunes années de vétérinaire tolérait cet état de fait, il mérite d'y revenir aujourd'hui, où les mentalités semblent évoluer pour le combattre. Je ne suis pas féministe arc-boutée sur des principes rigides, mais je suis pour un traitement équitable des sexes dans le cadre du travail, et dans la vie quotidienne.

(ce n'est pas moi) source Tema Vet, article surle mansplaining 28.09.2023

(ce n'est pas moi) source Tema Vet, article surle mansplaining 28.09.2023

Pourquoi "ordinaire"? (non je n'abuse pas des ""), parce qu'ici, dans ce cas précis, c'est synonyme de "vulgaire". Il n'y a en effet rien de glorieux à faire preuve de sexisme, tout n'est que vulgarité (et non luxe, calme et volupté, bien que certaines situations s'apparentent à un bouquet de fleurs maléfiques).

J'aime bien cette version, sobre et élégante...comme moi ... je m'égare...

On ne va pas (je ne vais pas me) se lancer dans un grand débat philosophique, on fait tous preuve à un moment donné de sexisme, à l'insu de notre plein gré (comme dirait Richard). C'est dans nos gènes, on est élevé comme ça. Mais ce sexisme là, il est d'une certaine façon innocent, car involontaire. Innocent jusqu'à un certain point. A partir du moment où il occasionne de la souffrance à celle qui le prend en pleine poire, il a perdu son innocence et donc sa faculté à être excusé.

(Mais où veut-elle nous emmener, l'énervée de service?)

voilà, on va rester concentrés là!

voilà, on va rester concentrés là!

On va oublier tout ce qui ne relève pas de la pratique de notre beau métier.

Je vous ai déjà noté, par-ci par-là, qu'au cours de mes études, je me suis orientée vers une pratique dite mixte (grands et petits animaux), voire franchement rurale au départ. J'étais (et suis  toujours) fortement atteinte de ce qu'on qualifie d'"esprit de contradiction" (encore des ""), qui me pousse gentiment dans le sens opposé du vent qui souffle...Une enquiquineuse, toujours à contredire ce qu'on veut lui imposer, avec une tendance nette à répondre "non!"avant que la question soit finie d'être posée.

Et c'est là que mon 1er contact frontal avec le sexisme a eu lieu, précisément dès que mon choix d'orientation s'est dessiné.  Il a fallu le valider, car ce choix a quand même impliqué toute l'organisation de la plus grande partie de notre dernière année à l’École vétérinaire.

A moi veaux, vaches et cochons! A moi la blouse cachou (couleur indéterminée entre le marron et le vert kaki) et les bottes à bouts renforcés (fort utiles pour flanquer un coup de pied dans un tibia appartenant à un individu un peu trop collant). A moi les élégants gants de fouille, orange comme les balisages de scènes de crime. A moi, le fumet puissant qui accompagne tout véhicule qui écume les campagnes, via les cours de fermes et leurs succulents tas de fumier. A moi les stages en Saône et Loire et en Bretagne (fallait bien explorer les différents types d'exercice rural, ceux plutôt écolos et ceux qui contribuent à zigouiller la planète, je vous laisse établir la paire 🙄)

Pour ceux qui ne connaissent pas la blouse cachou...Et chez Coveto, c'est un homme qui la porte...

Déjà que le prof de bétail (pathologie du bétail) était désespéré d'avoir écopé d'une déléguée/fille (sous-Q dans le jargon étudiant), il était carrément en pls de devoir encadrer des nanas pour sa spécialité. Et oui, on pouvait être Professeur de pathologie du bétail en École vétérinaire ET un Âne fini, sexiste à souhait.

C'est donc comme ça que ça a commencé...

Malgré la féminisation des promotions des Écoles vétérinaires, le patriarcat pèse encore beaucoup...

C'est un métier d'homme, ça j'y avais déjà eu droit. Même de certains membres de ma propre famille...mais bon, c'était il y a plusieurs décennies, les temps ont heureusement changé 😅. Pour la facette vétérinaire de campagne, la pilule a été un peu plus grosse à avaler...

Mais vaillamment, avec le courage de l'innocente fraiche émoulue d'une grande École, l'encre de son diplôme à peine sèche, au volant d'une voiture hors d'âge et de couleur indéterminée, j'ai pris la route des différents lieux que le destin avait choisis pour moi (le destin étant incarné par la lecture assidue de la  maigre presse vétérinaire de l'époque (années 199...), presque seule pourvoyeuse d'annonces pour du travail). N'oublions pas non plus les maîtres de stage rencontrés pendant les 4 années d'école, qui pour certains se sont temporairement transformés en patrons "pour de vrai".

J'ai donc sillonné les routes de l'Yonne, de la Franche-Comté, du Jura, puis de la Haute-Savoie pour tout un hiver, et enfin des monts du Lyonnais ,tous ces postes me laissant une expérience mitigée en terme de relation hiérarchique, des bleus à l'âme lors de certains soins à des animaux de ferme dont j'ai plaint la condition en serrant les dents, et une solide confrontation au sujet du jour.

Une petite photo de l'Yonne bucolique...c'est cadeau!

Une petite photo de l'Yonne bucolique...c'est cadeau!

Dans cette 1ere partie, je n'évoquerai que mon métier de praticienne rurale, car cette forme de sexisme est quand même adossée à la longue habitude des familles vivant en campagne et en montagne, où les femmes régnaient dans la cuisine, loin des étables et autres écuries. Dans certains secteurs, j'étais un peu une curiosité, il est probable qu'avant moi, aucun humain doté d'un vagin n'avait franchi la porte du bâtiment abritant les animaux. Je préférais cette curiosité bienveillante, à devoir constamment être sur mes gardes et devoir faire en sorte qu'un obstacle me sépare d'un exploitant un peu trop tactile, pour qui la gent féminine, quelle qu'elle soit, était ok pour se faire pétrir (et plus si affinités).

Je ne vous écrirai pas ici "50 nuances de Cachou", car vraiment, à aucun moment les appels du pied lourdingues et les mains baladeuses ne m'ont fait fantasmer, ni en rurale ni en canine d'ailleurs, pas plus que les propos salaces, ou les sous-entendus qui se croyaient très spirituels.

Mais le sexisme ne s'arrête pas à la hauteur d'une braguette ou à la longueur d'une jupe. Le sexisme c'était aussi:

-le niveau de salaire, qu'on te rabote "parce que tu es une fille"

-la remarque lapidaire de ton patron, le dernier jour où tu bosses, qui au lieu de te dire "bonne chance pour la suite" comme une personne normale, te balance "au moins je sais que je n'embaucherai plus de fille"...et te rappelle 2 mois plus tard, parce-que le gars embauché pour prendre ta suite à fondu les plombs et s'est barré au bout de 3 semaines (moi j'ai tenu 6 mois, et des galères j'en ai eu mais j'ai serré les dents...). Je vous laisse deviner ce que je lui ai répondu à ce biiiiiiip!!!

-le paysan qui t'accueille avec une fourche au lieu du fusil habituellement, parce qu'il préfère embrocher les nanas, c'est plus fun, et puis il ne va pas gâcher une balle , en rigolant et en promettant que si je fais mon boulot correctement y aura pas de problème. Pas de problème non plus pour mon patron de m'envoyer là-bas...

-le garagiste qui équipe ma voiture de pneus neige en me disant "je serais vous, j'éviterais quand même de circuler quand il neige, parce-que "femme au volant, mort au tournant!Ha!Ha!...elle est bonne hein?"...oui je connais, merci, je vous dois combien?

Paye Ta Chatte est un projet participatif du Collectif Vétérinaire Féministe. Il vise à libérer la parole sur le harcèlement sexiste et les autres discriminations dans le milieu vétérinaire. A retrouver sur facebook...

Paye Ta Chatte est un projet participatif du Collectif Vétérinaire Féministe. Il vise à libérer la parole sur le harcèlement sexiste et les autres discriminations dans le milieu vétérinaire. A retrouver sur facebook...

J'ai finalement arrêté cette rurale pourtant si enrichissante, en particulier sur le plan humain. Ce fut aussi l'occasion pour moi d'adopter mon labrador Itaque, ainsi que mon chat Coca récupéré sur un tas de fumier, et qui vécut chez mes futurs beaux-parents. J'ai croisé des gens formidables, ravis d'avoir affaire à une jeune vétérinaire enthousiaste, bien que la plupart du temps je ressente quand même une pointe de pitié de leur part, et surtout des femmes. Allez comprendre.

Mon dernier poste à orientation rurale était géographiquement proche de Lyon, et avait le double avantage de me permettre de travailler sur ma thèse, et de retrouver l'École vétérinaire que j'avais quittée 1 an plus tôt. J'avais 2 patrons, un ancien marié à l'une des 1ères femmes diplômées d'École vétérinaire, et donc plutôt féministe, et un plus jeune mais franchement misogyne (je le soupçonnais d'être muselé par sa femme, au caractère bien trempé, et de se venger sur ses employées).

La bascule en pratique canine stricte n'a aucunement fait disparaître ce phénomène, bien ancré dans notre métier. Mais cela fera le sujet d'une autre rubrique. S'il est important d'aborder un sujet encore très actuel, il ne faut quand même pas lasser le lecteur par un style encyclopédique.

Comme on dit dans une bonne série "to be continued"!

Pour finir par une notre culturelle en mode "les bras m'en tombent". La fameuse Vénus de Milo

Pour finir par une notre culturelle en mode "les bras m'en tombent". La fameuse Vénus de Milo

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