Bien qu'il ne s'agisse pas de la même problématique, elles sont quand même liées, de loin la plupart du temps et heureusement. Ce qui m'incite à repartager mon point de vue, c'est le fameux procès qui retient l'attention de nombreux médias actuellement, et qui suscite (et ce n'est pas étonnant vu le niveau de connerie constaté) un déferlement d'hostilité envers une plaignante qui a subi des exactions d'ordre sexuel pendant une décennie, par des dizaines d'individus soit-disant "normaux", et qui a eu le courage d'affronter ses agresseurs publiquement. Mais depuis quand est-ce normal de s'adjuger le droit de faire ce qu'on veut d'un corps de femme, comme d'une poupée de chiffon? Et ce n'est probablement que la partie émergée de l'iceberg.
Je repartage donc ici la suite de mon "expérience sexiste"...
Edit de Septembre 2024... mais finalement on en est toujours là...
Après avoir consacré un modeste article sur la charge mentale, et ce mois de janvier 2024 étant maintenant presque achevé, il est temps de reprendre la rédaction sur les sujets qui (au choix) me :
-hérissent
-font marrer
-font grincer des dents
-émeuvent
-passionnent...
J'avais annoncé un vaste sujet, le sexisme, que j'ai abordé par le biais de mes débuts en pratique rurale et mixte, au siècle dernier (on se calme, on peut avoir des kilomètres au compteur ET rester à la page ET avoir le cerveau agile!). Il est temps de vous partager quelques unes de mes expériences datant du moment où j'ai complètement abandonné la blouse cachou et les bottes en caoutchouc si seyantes.
En creusant un peu, je pourrais citer de trop nombreux évènements relevant de ce sexisme ordinaire. Je me contenterai d'en lister certains qui ont contribué à susciter en moi une méfiance systémique vis-à-vis d'une certaine gent masculine dans ma branche. Attention, je précise que je n'ai aucun problème à travailler avec le sexe faible (mais si! C'est Florence (Foresti) qui l'a dit, le sexe fort est féminin!)
Je vais logiquement noter ici des évènements nauséabonds qui m'ont marquée, de façon vaguement chronologique. Les années passant, ma façon de les appréhender et de les gérer psychologiquement a évolué. Maintenant, je rentre dans le lard directement (ou la bouée 😜), je n'ai plus depuis longtemps l'âge d'être impressionnée par des dérapages lourdingues, qui se veulent , aux dires de leurs auteurs tout aussi lourdingues, de l'humour...c'est ça...et la marmotte!
Je dois quand même rappeler une notion capitale, avant de creuser plus avant ce sujet visqueux: lors de mes études et au début de ma carrière, jusqu'à relativement récemment, le sexisme, le mansplaining (situation où un homme explique à une femme quelque chose qu'elle sait déjà, voire dans un domaine où elle est experte, sur un ton paternaliste/condescendant) auxquels je me heurtais, étaient tolérés comme faisant partie de ces aspects déplaisants mais néanmoins normaux dans notre métier "d'homme".
L'habitude (mauvaise) des femmes à se remettre en cause, à douter d'elles-mêmes, a être plus touchées que leurs homologues masculins par le "syndrome de l'imposteur", les rend de fait plus susceptibles de subir cette forme de condescendance, pour ne pas parler de maltraitance. C'est comme ça, on ne peut pas renverser des centaines (voire des milliers) d'années de paternalisme, alimenté par la toute-puissance de religions, qui ont au moins en commun d'écraser la gent féminine. Je ne me prétends pas experte, je note juste ici mon ressenti, mon propre raccourci de non initiée au sujet de questions sociétales et historiques que je ne connais qu'au travers de mes lectures d'articles et ouvrages.
Et en version audio si vous avez du temps devant vous
Il est bon parfois d'enfoncer le clou, et pas que pour les hommes! Les femmes aussi méritent ces explications et rappels. Nous ne sommes pas innocentes dans ce phénomène. Nous sommes les mères ou futures mères de nos fils, apprenons leur l'égalité de droits et le respect de chacun; de nos filles, apprenons leur à se respecter et à ne jamais courber l'échine. (Amen...)
La (petite) liste:
-Le prof d'équine qui me réclame un "petit café" alors que je suis tranquillement en train de manger mon déjeuner dans la salle de repos du service de chir ... nous étions plusieurs internes présents, j'étais la seule fille... no comment. J'aurais peut-être dû mettre un tablier de soubrette et nettoyer ses miettes 😤.
-Le nouveau patron qui m'accueille pendant une de ses chirurgies et trouve le moyen au bout de 10 minutes d'évoquer sa chirurgie de frein du pénis, qu'il s'est blessé lors d'acrobaties sexuelles avec ... Madame, quoique j'ai eu des doutes par la suite.
-L'interne mâle qui trouve normal que je nettoie derrière lui, et me balance que c'est mon boulot au même titre que les ASV sont là pour le servir (je précise juste qu'il n'est pas français, mais il aurait pu).
-Le patron qui me dit entre deux portes "tu n'as pas besoin d'apprendre tout ça, contente toi de sourire et de te trouver un bon mari". Je n'ai pas bénéficié d'une orthodontie assez efficace pour m'aligner parfaitement les dents, donc franchement, mon sourire...et le mari je l'avais déjà trouvé. Inutile de préciser que je n'ai pas suivi ce conseil éclairé par une beaufitude rare.
-La femme de véto qui me soutient que je n'ai pas "besoin" de travailler, je n'ai qu'à m'occuper de mes enfants et de mon mari, c'est bien suffisant...suffisant pour qui? Et mon diplôme, il est en carton parce que je suis une femme? Alors peut-être que je n'ai pas été la meilleure des mères pour mes enfants, mais je suis une meilleure véto en travaillant qu'en ruminant à la maison! (ne ruinez pas mes convictions, merci 😅)
-Le collègue masculin nettement plus âgé (civilement, parce que l'âge mental...comment dire...) , je dis bien collègue et pas employeur, qui essaye de me ridiculiser devant un client en me rabaissant. Dommage, ce n'est pas moi qui avait merdé sur ce coup là! Et paf!
-Le propriétaire du chien mâle qui vient pour insémination, et à qui il ne faut pas plus que la masturbation dudit chien par un vétérinaire femelle pour définitivement perdre ce qui lui tient lieu de cerveau, et qui débite des blagues salaces à la vitesse d'une mitrailleuse. Surtout ne jamais répondre, attendre que la logorrhée verbale se tarisse d'elle-même, le temps m'a paru bien long 🙄.
Il y en a un paquet d'autres. Mais en fait, le but ici est moins de me plaindre et de faire cette liste, que de mettre en avant ce sujet et les liens que j'ai mis plus haut, sujet qu'on balayerait bien sous le tapis, tellement il est embarrassant.
Il faut continuer de progresser, en modifiant notre tolérance face à ces situations pourtant banales (banalisées serait plus juste), en refusant de perpétuer des habitudes qui n'ont plus lieu d'être.
Comment identifier un homme macho https://www.cosmopolitan.fr/11-signes-pour-identifier-un-macho,1919879.asp D'ailleurs cette série "Madmen" est une quintessence du sexisme.
Mon propos ici n'est pas de faire un procès à la gent masculine, souvent, très souvent, plus maladroite que mal-intentionnée. Tout au long de mon enfance, mon adolescence, et aussi à l'âge adulte, j'ai été confrontée à ce sexisme, que ce soit par des propos, des plaisanteries, des geste, des attitudes. Et je suis loin d'être la seule. Mais le fait que ce soit si présent dans nos cultures, ne le légitime pas du tout, au contraire! La banalisation de toute forme de maltraitance est un grave danger, pour l'intégrité morale et physique de ceux qu'elle touche.
Voilà, c'est ça mon propos, arrêter de banaliser, d'excuser certaines choses parce que "s'est toujours passé comme ça", "ce n'est pas bien méchant", "fallait pas qu'elle s'habille comme ça si elle ne voulait pas s'attirer d'ennuis"....
No comment...
PS: je me suis encore une fois un peu éloignée de mon cœur de métier, mais un sujet comme ça, c'est comme une piste verglacée, tu ne peux pas complètement maitriser ta trajectoire!
Pour finir sur une note plus légère...Bisou