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Le vétérinaire et la mort....(Part.3): hommage à Sophie

Je n'imaginais pas un 3ème épisode sur ce sujet, mais malheureusement les évènements (cette pute de vie...pardon mais faut que ça sorte!) en a décidé autrement.

J'ai perdu il y a quelques jours une personne très importante dans ma vie, ou plus exactement qui a occupé une place importante dans une période très tourmentée de ma vie, et qui depuis faisait partie de mon tout. Mon tout étant ma famille, mes amis proches, ceux en qui je place ma confiance, à qui j'exprime mon admiration et ma reconnaissance de m'accepter dans leur vie.

Voilà, Sophie c'était un morceau (non négligeable) de tout cela.

Nous avons fait connaissance en Septembre 1987, lorsque j'ai ,pour la 1ère fois, franchi la porte de l'internat du Lycée Marcellin Berthelot à Joinville le Pont, riante banlieue de l'Est parisien, pas très loin géographiquement (mais géographiquement seulement) du graal pour certains d'entre nous: l’École Vétérinaire de Maisons-Alfort. Mon père m'amenait à bord de la voiture familiale chargée à bloc de mes affaires, pour me déposer dans un bâtiment hors d'âge, glacial en hiver et chaud comme une cocotte dès le début des beaux jours, avec des douches et WC sur le palier (mieux que des sanitaires communs), où j'allais dans un 1er temps partager ma chambre avec Cécile, ma Cothurne pour cette année de Bizuth (1ère année en prépa).

Sophie qui triplait son année (cube) était pour sa part logée au même étage mais dans une chambre individuelle, dotée d'un cabinet de toilette et d'une vue imprenable sur le passage menant à la sortie de l'internat et sur le lycée de l'autre côté de l'avenue. Bruyante et amicale , elle parlait fort et riait beaucoup.

Elle avit fait des efforts dingues pour être élégante, elle qui préférait porter la tenue d'équitation

Elle avit fait des efforts dingues pour être élégante, elle qui préférait porter la tenue d'équitation

Je vais la faire courte, car il ne s'agit pas ici de sa biographie, juste de souligner les grands traits de sa personnalité, et de rendre hommage à sa générosité et à son courage devant l'adversité, qui s'est quand même bien lâchée sur elle.

Elle était très indépendante, ayant quitté le domicile parental très jeune pour se mettre en ménage avec un garde Républicain, ce qui m'a valu des visites de la caserne des Augustins qui resteront gravées dans ma mémoire. Après avoir rapidement tissé des liens amicaux, malgré des caractères aux antipodes (elle exubérante et grande gueule, envahissante , énervante, à toujours mettre le doigt où ça faisait mal, gênante avec ses remarques à l'emporte-pièce; moi disciplinée, travailleuse, voire besogneuse, avide de calme et de silence), elle m'a prise sous son aile une fois qu'elle eut enfin accédé à son rêve, être admise en École Vétérinaire. Je la rejoignais un an plus tard, à Marcy l'Étoile (la meilleure des écoles). Entre-temps, elle s'était débrouillée pour que je récupère sa chambre pour ma 2ème année de prépa (carrée), et m'avait confiée aux bons soins du professeur de Biologie avec lequel elle était très amie (envahissante, je l'ai déjà dit). Quand elle avait décidé quelque-chose, elle ne lâchait plus son objectif.

Je lui connaissais peu d'amis, qui pour la plupart ne se connaissaient que de loin, en tout cas ne se fréquentaient pas, ou en très petits comités. Elle était passionnée de chevaux, amoureuse des setters irlandais (et gordon).

Très vite après l'obtention de son diplôme en 1992 elle s'est installée à son compte. Choix motivé par son fort caractère ,et une indépendance chevillée au corps. Nous nous sommes éloignées à notre sortie de l'école, la vie professionnelle nous happant chacune de notre côté, mais notre lien restait indéfectible. Elle a été mon témoin de mariage en 1996 (d'ailleurs, je me suis rendue compte que je n'avais de photos d'elle que dans mon album de mariage...elle fuyait les objectifs)

Nous étions jeunes!!! Avec mon astre et mon frère aîné

Un grave accident au début des années 2000 lors d'une sortie à cheval en forêt a failli lui coûter la vie, elle a survécu contre tous les pronostics. Elle a très vite repris cette activité une fois remise sur pieds, au point de monter quasi jusqu'à son accouchement.

Nous nous sommes vues de loin en loin, pour des occasions (anniversaires notamment), nous nous sommes écrit, parlé longuement. A chaque fois comme si nous nous étions quittées la veille, et ne faisions que reprendre le fil de notre discussion.

Je suis persuadée (mais aussi parce que ça m'arrange) que la densité des contacts avec une personne n'est en rien le reflet de l'affection qu'on a pour elle. Je suis une solitaire dans l'âme, je peux rester des mois sans parler avec une amie, un proche, cela ne m'empêche pas de me sentir concernée par sa vie, de me tenir au courant, et de l'apprécier vivement. Les gens qui me connaissent bien savent que je fonctionne comme ça. Sophie ne m'a jamais reprochée de ne pas la contacter, d'autant qu'elle faisait pareil.

 

Sa moue légendaire!

Sa moue légendaire!

Et puis, un message de vœux de sa part le 15 Janvier 2023 m'a fait l'effet d'un coup de massue: elle m'annonçait son crabe, déjà bien développé, diagnostiqué tardivement par malchance. J'aurais préféré entamer un cycle d'appels et courriers avec elle sans cette épée de Damoclès au-dessus de la tête, mais cette pute de vie (pardon again) en a décidé autrement.

Et puis ces dernières semaines, je me disais: "allez, pendant les vacances de février, je pousserai jusqu'à Dijon...", en espérant qu'elle irait assez bien pour faire son voyage tant espéré en Asie. Mais elle n'en aura pas eu le temps. Et moi je ne serais pas allée la voir, alors je culpabilise... C'est normal, ça va passer. Surtout qu'elle était la 1ère à me pousser à prendre du temps pour moi en priorité, parce qu'on ne sait jamais de quoi demain sera fait. La preuve...

Elle aura été la seule à m'appeler Dynamique (moi qui suit un mélange savant de paresseux et de marmotte ...), une amie sincère, une casse-pied de 1ère catégorie, une véto passionnée de son métier, qui selon ses dires n'a pas su se préserver suffisamment. Elle m'a exhortée à ne pas faire les mêmes erreurs qu'elle...je m'en souviendrai, c'est promis...

J'ai une pensée pour François qui partageais sa vie, et Arthur son fils unique, sa plus grande réussite.

Bye Sophie!

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