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Comment ça, je ne suis pas dompteuse de fauves!?

Oui, c'est un peu comme ça que je me vois certains jours ...

Oui, c'est un peu comme ça que je me vois certains jours ...

AVERTISSEMENT POUR LES PERSONNES SENSIBLES!!!:

Des photos de blessures vont jalonner cet article, elles peuvent éventuellement heurter la sensibilité de mon (maigre) lectorat 😅

Je plaisante! On n'est pas dans un film d'horreur quand même !

Je plaisante! On n'est pas dans un film d'horreur quand même !

Qui parmi nous (j'entends par "nous" les vétérinaires) n'a jamais entendu : "vous faites le plus beau métier du monde!"? J'avoue qu'on relativise , entre les vomis, les pipis, les diarrhées et autres productions juteuses de glandes anales...nous sommes certainement gâtés question odeurs entre autres. Cependant, il y a un aspect de notre pratique que le grand public ne peut qu'occulter: le danger qui rode et nous attend au tournant, chaque journée que nous passons au contact de nos patients, de toutes espèces.

J'ai déjà eu l'occasion de partager quelques souvenirs de mes jeunes années dans les cours de fermes, à découvrir à quel point ce beau métier peut aussi être source de mal-être. Les ruades et autres coups de cornes n'y sont pas étrangers. Mais c'est certainement en pratique canine que j'ai été confrontée le plus souvent au danger de travailler avec des êtres vivants dotés d'ongles et SURTOUT de dents, et pointues la plupart du temps!

Un petit mix "ongles"dents" en mode Véto 0-Félix 1... Merci Renaud pour ta participation!

 

Pour finir de brosser un rapide tableau de mon sentiment concernant la mise en danger dans l'exercice de mes fonctions, je n'ai jamais eu l'impression d'être volontairement exposée à un quelconque péril au contact des vaches et autres ongulés, même des chevaux. Leurs propriétaires étant dans la nécessité de les manipuler eux-même, les connaissent bien, et dans leur grande majorité ont mis en place des astuces pour limiter les dégâts, et en font bénéficier aux professionnels tels que le vétérinaire (et au maréchal ferrant, à l'inséminateur, au dentiste). Il y a en plus une telle pénurie de vétos en campagne (et en montagne) que les éleveurs ne vont pas s'amuser à les laisser se faire dégommer, sinon plus personne ne viendra soigner leurs animaux. Le désert médical est souvent assorti d'un désert vétérinaire, malheureusement...c'est un autre sujet...

Le genou de Tri après une rencontre musclée avec une vache en colère...

Comme sur beaucoup d'autres plans, il y a un réel gap entre la pratique rurale et la pratique canine. J'ai déjà mentionné ce gouffre entre les deux exercices, qui se comble partiellement lorsqu'on est praticien "mixte". Dans mes souvenirs de jeune véto à la montagne, je retrouve surtout des coups de pieds, des vols planés dans des étables ou des stabulations, en particulier en présence de catégories de vaches dites "à viande", vous savez, celles à grandes cornes et pieds agiles! (les Salers, saaaaal...es bêtes!).Mais il faut croire que les coups de latte et les sauts périlleux involontaires n'ont pas non plus eu raison de mon entêtement à exercer ce métier 😅, même si j'ai revu à la baisse mes ambitions, question volume du patient (quoique, un St Bernard de 90 kilos s'apparente assez bien à un veau culard Charolais...). J'ai aussi appris très récemment qu'un bélier grincheux pouvait être sacrément dangereux!😥

On bascule donc encore une fois du côté obscur de la force: la canine.

J'ai en tête des exemples précis d'agressions qui auraient pu avoir des conséquences graves mais aussi un évènement qui a certainement contribué à bouleverser (et pas pour le mieux) la vie d'une collègue. Les pires blessures sont sans aucun doute celles occasionnées par des félins, soit-disant tous mignons chez eux à la maison...(mon oeil oui!). Cependant, les morsures canines sont également redoutables.

La collègue en question était assistante vétérinaire dans une clinique où j'ai sévi plusieurs années avant de me lancer dans l'aventure palpitante de l'entreprenariat (avec ma moitié professionnelle). Elle était l'ancienne, celle qui gérait l'administratif et globalement la clinique quand les patrons étaient en congés (les souris dansent quand les chats ne sont pas là)

(source linkedin) Un peu de légèreté

Elle était une amoureuse des chats (probablement l'est-elle toujours), et avait donc une certaine habitude et aisance à les contenir. Parce qu'il est bien ici question de contention, et la contention du chat pour la plupart des manipulations peut s'avérer délicate.

J'avais alors l'habitude de faire mes prises de sang "à la jugulaire", c'est à dire sous le cou du minet, la tête de celui-ci orientée vers le haut et ses pattes avant tenues tendues vers le bas en bord de table. Il n'a fallu qu'un temps très court au greffier ce jour-là pour se tortiller et croquer la main de ma malheureuse aide. S'en est suivi pour elle des mois de galère médicale, malgré une prise en charge rapide aux urgences de la main. Et sa douloureuse expérience n'est pas isolée. Les témoignages de ce genre sont fréquents. Bien qu'épargnée physiquement (j'étais celle qui avait provoqué la colère du matou, mais j'avais échappé à ses dents pointues ET crados) cela m'a durablement marquée. J'ai abandonnée cette technique (que je n'applique plus que sur chat anesthésié ou trop débilité pour faire preuve de mauvaise humeur) pour me familiariser avec l'utilisation systématique d'un sac de contention.

Cet outil s'est avéré très précieux à l'époque de notre installation, synonyme de travail solo la plupart du temps, donc avec une seule paire de mains pour tout faire lors des soins. Non seulement je me protégeais quasiment à 100% d'accident possible, coup de dent ou griffade, mais je préservais également l'assistante ou le propriétaire. Son utilisation peut être remise en question si on se penche sur la notion de bien-être, mais franchement, à un moment, faut faire des choix pragmatiques si on veut garder son job...

J'ai bien entendu, depuis le temps que j'exerce (j'ai toujours l'impression de me décrire comme une antiquité quand j'écris ça, pourtant je me sens jeune!) eu affaire à nombre de récalcitrants qui ont trouvé le moyen de s'en prendre à moi avant que je puisse dégainer le moindre moyen de me protéger:

-le malinois de 4 mois qui vient pour un tatouage et qui me croque l'avant-bras, avant de tenir en respect l'intégralité du staff présent en salle de préparation, il a fallu un grand moment pour l'attraper et le manipuler sans danger !😱

-le berger allemand muselé et avec une lacette (lien en tissu) autour du museau (vous connaissez l'expression "porter ceinture et bretelles" synonyme de plus de sécurité), qui a réussi à me mordre la main (gauche heureusement) avec ses incisives, alors que je devais lui examiner les yeux !😱

-la chatte sauvage qui réussit à s'échapper lors d'un transfert dans une caisse de transport, la charogne faisait seulement mine de dormir après sa stérilisation, mais s'est réveillé comme un diable qui saute de sa boite, en me labourant généreusement les deux avant-bras! On aurait dit que je faisais de la figuration dans un film d'horreur, il a fallu que je porte des manches longues le temps que ça cicatrise, de peur de choquer les clients !😱

La liste est longue, mais je vais finir sur mes deux dernières expériences personnelles :

-La chatte sauvage adoptée, gentille mais peureuse que j'ai rattrapée par réflexe et qui m'a mordu par peur. Ma main droite a quadruplé de volume rapidement, mais la prise immédiate d'antibiotiques assortie d'un nettoyage agressif de la zone, avec savon et antiseptique m'a évité les urgences. Les nouveaux adoptants étaient très ennuyés et ont eu la gentillesse de prendre de mes nouvelles dans les jours qui ont suivi.

Main droite de Bibi, ça n'a l'air de rien comme ça, mais...
La couleur verte est bien réelle, c'est un hématome en cours de résorption...au bout de plus de 2 semaines

-La chatte de 1 an , adoptée à 3 mois dans une association, faussement câline au sortir de sa boite et qui m'a attaquée dès la 1ère manipulation, sans aucune contrainte. La main gauche cette fois-ci, et là encore j'ai eu beaucoup de chance d'échapper à une chir de la main. Dans ce cas là, la propriétaire m'a avoué à demi-mots après l'agression, que la minette ne tolérait aucune manipulation à la maison, en bref qu'elle était quasi intouchable.

La main gauche cette fois-ci, il aura à nouveau fallu 10 jours pour retrouver un majeur fonctionnel..

 

Le propos de cet article n'est pas de dresser la liste toutes les plaies et bosses que j'ai collectionnées depuis plusieurs décennies, elle serait trop longue et ennuyeuse à lire. Et encore aujourd'hui, j'ai lu le témoignage d'une consœur qui est allée travailler avec des côtes cassées, car "pas la choix"...

Non, le propos de cet article est de pointer ce phénomène qu'on ne rencontre que dans notre chère profession: l'image du vétérinaire capable de dompter les pires fauves parmi ses patients, mais alors par l'opération du St Esprit (pardon pour les fervents catholiques de l'utiliser ici de façon aussi vulgaire), parce que sinon, à part un filet, des gants en kevlar, une sarbacane/fusil pour endormir (ce n'est pas un safari mais parfois ça y ressemble), je ne vois pas comment y arriver.

Au tour de Diane
Et de Jonathan

Comment un propriétaire de Lion miniature ou de chihuahua équipé d'une denture de requin, qui n'est pas capable lui-même de manipuler son animal, peut-il penser que je vais pouvoir le faire sans me faire blesser? Ça me dépasse. Et je vous fais grâce du contenu des avis Google défavorables après un échange musclé mal vécu par le dit propriétaire dans le déni, offusqué qu'on ait mal réagi après l'attaque par son "bébé". La décence m'interdit de noter ici la répartie châtiée qui me vient spontanément à l'esprit!

Renaud le récidiviste!

Notre rôle ,souvent occulté, est la protection de la santé humaine, via l'encadrement de la santé animale. Il ne s'agit pas seulement de maîtriser les épizooties, mais également les maladies potentiellement à risque pour l'humain (la grippe aviaire ça vous parle? Les contrôles en abattoir et autres sources d'alimentation humaine, c'est aussi pour nous les vétos), et aussi de prévenir les blessures par un animal potentiellement dangereux. Il faut cependant pour cela la coopération du propriétaire, et donc sa prise de conscience. Et on peut se heurter à un mur, en particulier quand il s'agit d'un animal de compagnie. Sans parler des inconscients qui introduisent illégalement sur notre sol des animaux au statut sanitaire inconnu (n'oublions pas que chaque année dans le monde 60 mille personnes meurent de la rage)... mais c'est un autre débat.

Encore Diane, on ne s'en lasse pas hein? ;-)))

 

On ne va pas se mentir, on aura beau essayer de sensibiliser les gens à cette problématique, une minorité n'écoutera ni les conseils d'éducation et de médical training, ni ne respectera les consignes données pour limiter les risques en consultation. Il devient alors nécessaire de prendre des mesures pour ne pas se mettre en danger, au risque de déplaire à certains d'entre eux qui iront ensuite s'en émouvoir publiquement sur la toile, via leurs divers réseaux afin de trouver un écho favorable (qu'ils trouveront immanquablement, c'est fous ce qu'on pêche sur internet 🙄) à leur profonde détresse de parent incompris ....(mode ironie on)

On ne le dira jamais assez, même si pour une grande proportion d'entre nous (le "nous" les vétos, vous vous souvenez?) ce métier est un vocation, il n'est aucunement le corollaire à la mise en danger par l'inconscience d'autres humains. Un animal hormis sauvage (et je rappelle ici que les félins que je soigne ne sont aucunement classifiés parmi eux) n'est jamais dangereux par essence. L'humain qui en est responsable doit donc assumer intégralement le comportement agressif de son compagnon et à défaut de savoir complètement le maîtriser, à minima prévenir le professionnel du potentiel danger, pour que des mesures soient prises.

Et preuve en est que mon expérience et ma prudence naturelle ne m'ont pas empêchée de me faire avoir. 

Réconciliation avec la gent féline (que j'adore)...Non! je ne lui serre pas le kiki, elle ronronne ;-)))

Réconciliation avec la gent féline (que j'adore)...Non! je ne lui serre pas le kiki, elle ronronne ;-)))

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