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Le Véto et les réseaux (Part.2).

Un petit aperçu, mais il y en d'autres...

Un petit aperçu, mais il y en d'autres...

Le suspense est à son comble! Arriverais-je à pondre un 2ème article en ce 1er mois de 2025?...

J'ai déjà eu l'occasion de mentionner ma relation aux réseaux sociaux, notamment via mon amie imaginaire. Les réseaux font partie de nos vies, qu'on le veuille ou non, personnelles et professionnelles. A moins d'être vraiment arc-bouté contre la modernité, ou paranoïaque à un point tel qu'on ait réussi à échapper à Big Brother, il faut faire avec.

Ces derniers jours, voire ces dernières semaines ont apporté de l'eau à mon moulin concernant ce sujet: la relation du vétérinaire (moi dans ce cas précis) avec les réseaux sociaux, cette fois sous un angle péjoratif. Bienvenue aux trolls d'internet!

En argot internet, un troll caractérise un individu cherchant l'attention par la création de ressentis négatifs, ou un comportement qui vise à générer des polémiques, sous la forme d'un message, d'un avis conflictuel.

Dans la 1ère partie je mentionnais l'aspect lumineux de l'utilisation des réseaux, pour créer ou recréer des liens au sein de la communauté vétérinaire, mais aussi avec sa clientèle en mettant en scène la vie professionnelle de leur vétérinaire préféré. Et de la même façon que ces réseaux peuvent être des sources d'inspiration, de partage, de joie, de bonne humeur, une vraie béquille pour ceux qui sont isolés pour des tas de raisons, ils peuvent être une pente savonneuse qui mène au fond du trou.

L'avènement des réseaux sociaux, c'est aussi permettre de facilement partager tout un tas de fausses infos et de rumeurs, mais aussi faciliter le bashing, le dénigrement d'une personne, d'un établissement, en se planquant le plus souvent derrière un pseudo.

Autrement dit, l'abruti qui avant ne crachait son venin qu'au comptoir du café d'à côté et ne faisait donc pas grand mal, peut depuis la naissance et le développement de ces réseaux, faire profiter de son abêtissement (je suis polie, je me force) à un large auditoire, qui malheureusement peut faire écho à ses théories du complot et ses avis stupides 😬.

Et ne me dites pas que je suis sévère, ou frustrée, j'écris ici une triste réalité. J'ai d'ailleurs arrêté de lire les commentaires des publications qui m'intéressent quand la polémique enfle, il est inutile d'alimenter Paul et Mick, on va droit dans le mur. Par contre, il faut toujours vérifier les sources de toutes les informations qui sont diffusées, en particulier celles qui sont inquiétantes, et ne jamais les partager sans avoir réalisé ces vérifications, sous peine de participer à la diffusion des fameuses "fake news".

Source iStock

Source iStock

On peut s'étonner qu'en ayant un ressenti si négatif de ce monde virtuel, j'ai l'outrecuidance de continuer à l'alimenter avec mes photos, publications, articles. Je réponds ceci: si tous les gens sensés (j'ose prétendre en faire partie) le quittent, il se transformera en un gigantesque lisier, un trou noir de la bêtise, de la méchanceté et de la médiocrité (c'est déjà assez gratiné, il ne faut laisser gagner les trolls!). Ce n'est pas acceptable, alors il faut lutter contre tout ça (mode Don Quichotte activé).

Au début de mon exercice, ces réseaux étaient inexistants, ou tout juste balbutiants. Quand un client était mécontent, il le disait (à mon patron par exemple). On nous apprenait avec les vagues, très vagues notions de ce qu'est une clientèle, que celle-ci est volatile pour une part relativement importante, et qu'il fallait se mettre en quatre pour garder ses clients. Se mettre en quatre consistait à (en vrac):

-être corvéable à merci

-accepter des facilités de paiement qui relèvent presque de la soupe populaire

-rogner sur ses tarifs

-renoncer à une vie sociale et familiale normale (revient à la ligne 1)

etc, etc...Il y a donc plusieurs décennies, il n'était pas nécessaire de subir google et ses avis étoilés, ni les éructations sur internet de clients en recherche de vengeance pour des abus n'existant que dans leurs fantasmes. On se faisait déjà du mal tout seul.

Pour les générations les plus récentes de nos confrères, le parcours du vétérinaire est devenu un camp plus proche de Koh Lanta qu'une carrière épanouissante et harmonieuse (ça n'a jamais vraiment été ça ceci dit)

Le quotidien du vétérinaire , c'est un peu ça...

Le quotidien du vétérinaire , c'est un peu ça...

Puisqu'en ce lieu je m'efforce de partager mes expériences de vétérinaire, il me semble tout à fait pertinent de raconter une anecdote qui aura marqué ma dernière décennie comme praticien. J'ai déjà eu l'occasion de la mentionner sur d'autres canaux et à l'oral, et assez récemment, j'en ai discuté avec une cliente, à son initiative d'ailleurs, ce qui m'a incitée à revenir sur cet épisode peu glorieux pour la nature humaine, pour le statut d'influenceuse (que je ne suis pas, ça c'est l'autre protagoniste, mais j'y viens), et pour ma figure de soignant des animaux. J'ai failli y laisser des plumes, et une bonne partie de ma maigre estime de moi-même. Mais celle-ci a eu la force de se reconstituer depuis l'incident, ce qui n'a pas nécessité un énorme effort, on ne va pas se mentir.

Tentative d'influenchiadage pour rire de tout ça

C'était ma minute ironie sur Instagram, mais j'avoue que j'étais encore un peu secouée à ce moment là (Février 2022 quand même) par l'ampleur que ce non-évènement aurait pu prendre, puisque finalement il a fait pschit.

Le début de cette histoire, c'est la consultation d'un patient de taille moyenne, d'âge moyen, avec un caractère moyennement agréable, voire carrément déplaisant, avec son humaine aux caractéristiques et comportement qu'on qualifiera de normaux à ce stade de l'histoire. C'est une histoire triste en fait, si on la résume à l'essentiel: diarrhée qui ne guérit pas, diagnostic de cancer agressif du tube digestif, propriétaire dans le déni, chien intouchable mais condamné, donc empathie de la part de Bibi qui essaye d'accompagner au mieux une histoire qui finira en euthanasie en quelques semaines, avant la fameuse période de Noël , période pendant laquelle rien de triste ni de grave ne doit arriver, en tout cas à certaines personnes. Et dans cette catégorie, il faut ranger celles qui vivent dans une vitrine internet jolie, gaie, qui sent bon (enfin on l'imagine avec le placement de produits), sur un mode maman parfaite toujours élégante à toute heure, avec des enfants qui sont des images de catalogue Cyrillus (pour les bourgeois qui aiment les cols Claudine et les jupes en velour, et c'est à peine exagéré).

Et en même temps que l'état du patient se dégrade, la vraie nature de sa propriétaire se révèle. Quand on est confronté à quelqu'un qui ne peut pas entendre un verdict irrévocable, et qui ressent le besoin de se venger du mauvais coup que lui joue l'univers sur le vétérinaire qui n'a rien demandé sauf le paiement de ses honoraires, pratiqués avec tact et mesure comme l'impose le code de déontologie de sa profession, à un moment donné , "ça part en c...sucette"!

Avis google auquel j'avais fait une réponse empathique mais factuelle, et qui m'a valu ensuite un bashing en règle
Version Instagram, juste avant la divulgation publique de mes coordonnées complètes assorties de mon niveau d'incompétence et de méchanceté (championne du monde des catégories)

 

Et cette femme s'est ensuite sentie investie d'une mission sacrée: celle de me nuire afin que je ne puisse plus maltraiter les animaux des pauvres égarés qui auraient par le plus grand des hasards atterri dans ma clinique, antre de tous les sévices.

Ce que je relate ici m'a été communiqué (captures d'écran à l'appui) par quelques unes de ses 90 mille et quelques abonné(e)s: sous couvert de dresser une liste des vétérinaires dignes de la recevoir ainsi que ses afficionados, elle en profitait pour salir ma réputation. Il m'a donc été possible de la menacer de poursuites si elle persistait dans sa ridicule croisade. N'oublions pas que je ne travaille pas seule, et que si cette star montante d'Instagram avait obtenu ma chute, j'aurais entraîné avec moi quelques âmes innocentes qui ne méritaient pas comme moi de finir en enfer, enchaînée à un poteau avec une pauvre gamelle d'eau sale et un os à ronger.

Mais les photos ci-dessus montrent qu'elle a quand même gardé une trace de ses errances émotionnelles, on ne se refait pas. Et si je me suis permise de les produire , c'est qu'elles sont publique pour l'une (avis google consultable sur la page de ma clinique) et retouchée pour l'autre donc non reconnaissable.

 

Illustration d'un effet potentiel de ces bashings via avis et publications haineuse. Source:https://www.suicide.info/se-suicider-par-pendaison/

Illustration d'un effet potentiel de ces bashings via avis et publications haineuse. Source:https://www.suicide.info/se-suicider-par-pendaison/

Pourquoi insérer une image de corde? Parce que notre profession est l'une de celles qui sont les plus touchées par le suicide. Bien sûr celui-ci est souvent lié à de multiples facteurs, personnels et professionnels, mais les statistiques sont quand même sans appel.

J'ai déjà abordé brièvement ce côté sombre de notre beau métier. Pour ma part, à aucun moment, même quand j'ai traversé des turbulences, comme avec cette "charmante dame ayant les pieds sur terre", je n'ai eu d'intention suicidaire. 

Le côté obscur de notre relation à tous avec ces réseaux sur lesquels le plus sombre des crétins caché derrière un pseudo et un clavier peut s'exprimer sur tous les sujets, dans des domaines qu'il ne maîtrise pas, atteignant régulièrement un niveau de bêtise que le comptoir du café du commerce n'a jamais expérimenté, c'est l'ensemble de ces avis google et bashing sur facebook, tik-tok, instagram dont on se passerait bien. Nul besoin de nous enfoncer pour nous asphyxier dans notre culpabilité d'avoir mal géré un cas, on le fait déjà tout seul et c'est assez difficile à vivre.

J'en profite pour remettre ici une notion souvent évoquée lors d'échanges sur des forums divers: la loi de Godwin (source Wikipedia)

« Plus une discussion en ligne se prolonge, plus la probabilité d'y trouver une comparaison impliquant les nazis ou Adolf Hitler s’approche de un. »

Pour en revenir à cette expérience que j'ai partagée ici et qui illustre bien selon moi l'effet délétère de cet aspect de notre travail, la cliente qui m'en a parlé a été très honnête dans sa démarche: elle suivait l'influenceuse et elle savait en venant me consulter qui j'étais. Elle l'a cataloguée de déconnectée de la réalité (elle a employé un autre vocable que je ne noterai pas ici) et m'a fait sourire quand elle m'a appris que le vilain karma avait rattrapée ma juge, celle-ci avait fini par lasser son conjoint avec sa vie de rêve, et il avait mis les voiles. Mais comme c'est très méchant de se réjouir du malheur d'autrui (merci mon éducation catholique), j'ai vite changé de sujet de conversation. Elle m'a fait un clin d’œil en partant et m'a assurée de toute sa confiance en ma gentillesse envers ses animaux (il faut dire qu'ils sont très mignons) et en mes compétences (sur ce point, je n'ai pas voulu doucher son enthousiasme...on en reparlera 🤐).

J'avoue!...je suis allée gratter sur le profil de l'autre "déconnectée" pour voir si elle mentionnait ce nouveau drame dans sa vie parfaite, mais celle-ci restera comme toujours lisse et sans anicroche...la vraie vie...sur Instagram!😂😂😂

Un regard qui en dit long...

Un regard qui en dit long...

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