Je vous l'affirme, c'est souverain!...pas pour le mal de dos, en revanche, que le jardinage a plutôt tendance à aggraver, et qui me rappelle les postures de ma grand-mère paternelle quand elle avait passé un long moment dans ses rangées de patates ou de fraisiers, pliée en deux, jambes écartées, et qu'elle mettait trois plombes à se redresser, avec des grimaces et des geignements qui me faisaient bien rigoler (à l'époque je devais avoir 8 ans, je ne connaissais pas mon bonheur d'avoir un dos jeune et souple!).
Bon, assez disserté sur Mémé, j'en reviens à mon sujet principal: il faut cultiver notre jardin! Non, je ne suis pas Candide, bien que parfois je m'en inspire pour ma vie quotidienne.
Ce sujet, longuement étudié en littérature et pour préparer le bac de Français, nous rappelle qu'il faut se recentrer sur des choses simples et concrètes plutôt que de courir après des chimères pour atteindre un bonheur quotidien, simple et accessible.
Ca y est, vous vous dites que j'ai du lire un livre très intelligent ce weekend, que j'ai été contaminée et que comme Obélix qui ne peut plus boire de potion car il est tombé dedans quand il était petit, je suis moi aussi irrécupérable et que je vais dorénavant parler un bon français et écrire des phrases de dix paragraphes sans ponctuation! Mais non!
Donc, encore une tentative pour revenir à l'essentiel, sans que mon esprit fugueur ne parte dans une direction par trop métaphysique: le jardin, sujet du jour.
J'ai la chance depuis deux ans, de posséder un petit jardin (350m2 environ) de ville, clos sur ses 4 côtés par, au choix:
-un mur en pierres surmonté d'une clotûre occultée par un feutre vert
-un mur en pierre surmonté d'une grille en fer forgé aveuglée par des plaques métalliques et un magnifique portail art-déco
-une clotûre écroulée datant de Mathusalem et qui n'a pas pu résister aux assauts conjoints de noisetiers et de lilas presque centenaires qui ont voulu fuguer dans le jardin du voisin
-un mur en béton surmonté d'une clotûre palissée d'un occultant en branches de noisetiers, bientôt cachés tous deux par une haie de bambous bien décidés à toucher le ciel
Planté il y a plus de 80 ans de rosiers, houx, tilleuls, forsythia, orme, lauriers cerise, lierres variés, lilas et noisetiers, jasmin et autres essences odorantes, nous avons la première fois pénétré dans une sorte de mix entre une jungle et un terrain vague envahi de pissenlit et autres mauvaises herbes. Pas le premier brin d'un semblant de gazon, que du trèfle à l'horizon.
Retroussant nos manches, fourbissant nos binette, rateau, pioche et autre sécateur, nous avons attaqué bille en tête, rêvant de jardin zen et de gazon anglais...c'est ça aussi la mondialisation, non?
Un palmier, un érable et un azalée japonais plus tard, tous morts dans l'aventure, ce jardin bien brouillon commence à ressembler à ses propriétaires: bien ordonné en apparence, mais en apparence seulement, avec des surprises qui vous attendent à chaque coin. Ici un tonneau ventru et souriant qui recueille l'eau de pluie pour abreuver les geraniums toujours assoiffés, là une grenouille en fonte qui vous regarde d'un air étonné et sa soeur jumelle en vadrouille, et en levant un peu les yeux, des lampions et des papillons illuminent nos soirées comme à la kermesse du village.
Il est comme nous, notre jardin, accueillant mais secret, vert et frais même au plus chaud de l'été, et il invite nos amis à venir se reposer sous le tilleul ressuscité après une taille drastique qui l'avait rendu chauve et tout triste, et à rêver sous les étoiles de soirées gaies et musicales (la musique des pots d'échappement de motos peut-être?) un verre de bon rosé à la main, une assiette de petits fours à portée de l'autre.
Venez, venez les amis! C'est aussi pour vous que nous cultivons notre jardin!