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Vacances et culpabilité du vétérinaire, un couple qui dure...

Ce n'est pas le prologue d'une erotic fantasy...

Ce n'est pas le prologue d'une erotic fantasy...

C'est évidemment suite à une discussion entre vétos-conjoints sur notre ressenti des vacances et notre capacité, ou plus exactement notre incapacité, à débrancher notre cerveau de travailleurs acharnés, que cet article s'est imposé à moi. 

Les vacances, on connaît ça depuis tout petit, quand on partait, qui en colonie, qui chez Pépé et Mémé, qui en voyage avec les parents pour les plus chanceux (quoique ça se discute...). Les meilleures étaient aussi les plus longues, celles d'été avec la promesse d'un nouveau départ chaque mois de Septembre.

On a tous de bons souvenirs de cette période de fin d'année scolaire où le programme étant terminé (plus ou moins bien), il ne restait plus qu'à vider les casiers, jouer à des jeux de société au lieu d'écrire une énième dictée, à passer plus de temps en récré qu'en classe, sous la supervision d'instits plus détendus eux aussi à la perspective de ne plus se coltiner des gamins pas toujours disciplinés (attention, remarque de "boomeuse": à mon époque, les gamins bénéficiant encore de quelques fessées, ils étaient sûrement plus gérables que ceux d'aujourd'hui, "éduqués" comme les rois qu'ils ne seront jamais à grands coups de "s'il te plaît mon coeur..." je m'arrête là avant de déraper sur les mamans Montessori qui fleurissent sur tiktok 😂).

Et puis , les années passant, en avançant dans le cursus scolaire, la fin d'année scolaire est devenue synonyme d'examens, concours, stress, sanctions. Et les pauses estivales sont aussi devenues synonymes de "1ère expérience professionnel/boulot d'été/boulot d'étudiant" (histoire de financer une partie des dépenses d'étudiant) 

Source: Oniris

Source: Oniris

Quand on est jeune, en pleine forme et en pleine santé, avec pour objectif de devenir autonome financièrement le plus vite possible, remplacer les vacances par du travail n'est pas un problème. De même qu'en début de carrière, passer d'un rempla à un autre sans faire de vraie pause de plus de quelques jours, ou bien encaisser les semaines de cours et de TD, les semaines de prophylaxie, bosser le soir et le weekend, puis dès l'obtention du sésame autorisant la pratique, se jeter à corps perdu dans le travail pour acquérir compétences et expériences, n'est pas un problème, en tout cas à court et moyen terme.

J'ai tenu mes 4 années d'école et les 10 ans qui ont suivi, sans aucune pause. Je n'en ressentais pas physiquement ni moralement le besoin, voire la nécessité. J'étais dévorée par l'envie d'apprendre, comme si ma carrière tenait à ce marathon, et uniquement à ce rythme. Je voulais pouvoir me comparer aux meilleurs, je ne supportais pas de ne pas connaître tout sur tout, de ne pas maîtriser une procédure chirurgicale. J'étais trop contente d'être corvéable à souhait pour me gaver de connaissances, nuit et jour, à la grande satisfaction de ceux qui bénéficiaient/profitaient de ma disponibilité et de ma malléabilité. Pour moi le calcul était bon, je recevais la Connaissance en retour de mon temps, étirable à merci. Je fantasmais sur l'idée qu'un jour je serais en possession de suffisamment de science et de technique pour être zen au travail, en toutes circonstances ...

La fin du statut servile

La fin du statut servile

Le passage à l'âge adulte fut donc synonyme d'abandon de cette pause estivale, avec une certaine fierté, et la recherche frénétique de travail. Les années passant, l'absence de vacances et le tassement entre le bénéfice de l'apprentissage et la satisfaction ressentie versus le coût en temps et en énergie, et la (bsence de) reconnaissance de certains de mes employeurs, ont fini par peser et déséquilibrer ce fragile échange. 

La pratique mixte au début de ma carrière faisait qu'à partir de fin Juin, le travail en rurale était un peu plus cool, et les sorties en voiture , toutes fenêtres ouvertes pour profiter des odeurs et des températures agréables, très appréciées. Mais cette période n'aura duré que 2 ans (j'ai déjà eu l'occasion de relater un peu cette expérience en rurale:

https://vetinclermont.fr/2023/12/le-veterinaire-et-le-sexisme-ordinaire.html )

La pratique canine n'offre aucune pause comparable à ces bouts de balade entre deux patients. On a au mieux quelques mètres ou un étage, et quelques minutes entre une micro-pause et le patient suivant, qui attend avec son humain dans une (petite) salle souvent tristounette ou dépersonnalisée. A mon avis, c'est entre autres ce qui explique une partie de la fatigue mentale/morale du vétérinaire des villes, que le vétérinaire des champs ne connaît pas ou peu. Pour lui, la fatigue est fondamentalement physique, par les efforts corporels et le manque de sommeil pendant la saison des naissances (historiquement concentrée entre la fin de l'automne et le début du printemps). 

Je précise en aparté quand même que le véto des champs est confronté actuellement à une N-ième épidémie qui s'avère épuisante aussi psychologiquement...

Mais laissons la fatigue où elle est, rangée dans cette boite:

https://vetinclermont.fr/2025/05/vetofatigue.html

 

Un peu de zenitude bovine ne saurait nuire ...

Un peu de zenitude bovine ne saurait nuire ...

Revenons à nos moutons (eux ne s'égarent jamais, ce qui n'est pas le cas de mon esprit...)

Pendant plusieurs années après avoir obtenu mon diplôme, les vacances ne faisaient donc pas partie de mon "plan". Le plan de mon banquier par contre était strict: mon job c'était de rembourser mes dettes. Ce que j'ai fait, scrupuleusement. Ce que je continue de faire, comme la plupart des actifs d'ailleurs.

Inutile de préciser que depuis mes débuts d'activité, je vis au crochet de plusieurs établissements bancaires, qui ont eu l'extrême générosité de me confier de quoi financer mon toit et mon outil de travail. Avec un peu de chance, je n'aurai plus de dettes quand l'heure de ma retraite sonnera et que je serai en vacances non stop. 

Il faut dire que le calendrier de mes engagements professionnels n'a pas ménagé de pause entre deux contrats pendant plusieurs années, et aussi parce qu'il était de bon ton en étant salarié si on voulait se former, de le faire sur son temps de repos, donc forcément sur ses vacances si cette formation prenait du temps. Par exemple, entre les 5 semaines de cours à l'École Vétérinaire de Toulouse et les semaines de stage chez un spécialiste, mon CES d'ophtalmologie aura consommé 2 années de congés payés. Il ne me serait même pas venu à l'esprit de m'organiser autrement, je m'estimais même chanceuse que ma patronne de l'époque accepte que je le fasse. Après tout, c'est elle qui m'a financé la formation théorique , puis a acheté le matériel nécessaire à ma nouvelle pratique , chèrement acquise, sinon j'aurais perdu le bénéfice de mes longues heures de cours en ne les concrétisant pas immédiatement. Je lui en suis très reconnaissante.

C'est un peu ça, le travailleur courbé sous le poids de ses dettes

C'est un peu ça, le travailleur courbé sous le poids de ses dettes

Ce n'est donc que plus d'un an après l'obtention de ce diplôme que j'ai enfin su ce qu'était un congé, avec rien à faire, juste rien. Juste tenir compagnie à mon astre qui révisait pour un examen de CES à son tour... on s'est bien trouvés tous les deux 🤯.

Pendant quelques années ensuite, entre l'arrivée de bébé numéro 1, la création (à deux je re-précise) de ma clinique ex nihilo, l'arrivée de bébé numéro 2, le concept de vacance est à nouveau redevenu un peu flou. Sans parler d'une culpabilité très adhérente en abandonnant (caricature) l'associée et le bébé clinique seuls, ne serait-ce que quelques jours. Si cette culpabilité s'est doucement estompée au gré des pauses qu'il a bien fallu respecter pour ne pas finir à Ste Marie ou en cure de désintox (il aurait bien fallu se droguer aux amphétamines pour tenir le coup à la longue hein?), elle perdure quand même, à un niveau plus supportable, mais qui engendre quand même ce stress juste pré-congé: 

-ne pas laisser de cas merdique en cours, les collègues ont assez de galères à gérer sans ça

-ne pas oublier de boucler l'administratif, sinon le comptable te harcèle par mail (et enregistrer un message d'absence n'est pas forcément la solution)

-ne pas oublier les demandes des clients, documents d'assurance, commandes de traitements, attentes de résultats , etc etc. Les gens ne comprennent pas le concept de vacance quand ils ont besoin de quelque chose, et attendre est devenu une injure...

Alors que finalement, le seul stress des vacances devrait être de ne rien oublier dans sa valise qui puisse manquer aux dites vacances. Mais cet état d'esprit demande un travail intensif de rupture avec le ...travail! Et ce n'est pas une mince affaire.

 

Je ne peux résister à partager avec vous ces deux bouilles d'amour !

Je ne peux résister à partager avec vous ces deux bouilles d'amour !

C'est le dernier jour de ces vacances tant attendues. J'ai appris avec le temps à ne pas fantasmer sur le repos qu'elles sont censées apporter, ni à prévoir trop de choses, sinon la pression monte au fur et à mesure de l'importance de ma flemme, et je n'ai plus envie de rien faire.

A chaque jour suffit sa peine, en vacances comme dans la vie de tous les jours.

Cependant, étonnamment , cette année je ne ressens aucune impatience à retrouver mes vampires d'énergie habituels: les clients , surtout les relous.

Vivement les prochaines vacances!!!

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